Accueil Culture Rencontre autour du centenaire de Frantz Fanon : Le chantre de l’humanisme

Rencontre autour du centenaire de Frantz Fanon : Le chantre de l’humanisme

En ces temps de crispation identitaire, lire Frantz Fanon et le faire lire à ses enfants est important pour leur apprendre qu’il n’y a pas de différence entre un Noir et un Blanc et que l’humain reste le seul modèle.

 Mardi 29 avril à l’espace du ministère de la Culture consacré aux rencontres de la Foire du livre, l’Association des amis du livre de Sousse avec le concours de l’Organisation Roza Luxembourg a organisé une conférence sur le centenaire du médecin psychiatre, anthroplogue, militant tiers-mondiste, écrivain et poète martiniquais, Frantz Fanon (1925-1961), qui a fondé en 1957 et jusqu’à sa disparition en 1961 le centre psychiatrique de jour à l’hôpital Charles-Nicolle, enseigné à l’Université de Tunis et rédigé son œuvre phare « Les Damnés de la terre».

Dans le cadre de son activité, l’Association des amis du livre de Sousse a tenu à célébrer le centenaire de Frantz Fanon en tant que poète et écrivain. Helmi Chikhaoui, président de l’Association et modérateur de la conférence, a mis l’accent sur l’importance de l’héritage de la pensée de Fanon en Tunisie et en Algérie où il a passé une bonne partie de sa vie. Il a marqué les sciences humaines et la médecine par ses réflexions sur la décolonisation et les oppressions postcoloniales. Mort jeune à l’âge de 36 ans, l’écrivain s’est rendu célèbre grâce à son livre « Les Damnés de la terre » enseigné dans les écoles et les universités. Un livre qui documente les processus d’aliénation dans les sociétés post-coloniales ainsi que son essai culte «Peau noire,  masques blancs». Son œuvre témoigne de l’impact qu’il a laissé derrière lui après sa mort et l’influence sur certains écrivains et penseurs, à l’instar d’Edouard Said.

Zahra Gadhi, membre de l’Association des amis du livre de Sousse, a mis en lumière un aspect peu connu de Fanon le poète. A l’instar d’Aimé Césaire dont il admire «Le cahier d’un retour au pays natal » qu’il connaît par cœur, Frantz Fanon s’est imposé comme un écrivain habité et engagé ayant abordé par les mots les séquelles psychologiques, politiques et sociales de la domination coloniale et post-coloniale. Son engagement auprès des militants de la libération de l’Algérie, où il repose actuellement dans un de ses cimetières, prouve son attachement à la cause des opprimés qu’il célèbre dans sa poésie. «Je me suis engagé envers moi-même et envers mon prochain de combattre de toute mon existence, de toute ma force pour que plus jamais il y ait, sur la terre, de peuple asservi». Il est donc clair que Fanon utilise l’arme des mots pour combattre la violence et l’asservissement de l’homme par l’homme.

De son côté, Hassen Dhifallah a parlé de la violence dans l’œuvre de Frantz Fanon, en évoquant un extrait des «Damnés de la terre» où il dénonce cette violence : «Le langage du colon, quand il parle du colonisé, est un langage zoologique. On fait allusion aux mouvements de reptation du jaune, aux émanations de la ville indigène, aux hordes, à la puanteur, au pullulement, au grouillement, aux gesticulations». Durant toute sa vie, Fanon, qui a été violemment critiqué par l’auteur français Jean-Paul Sartre, se pose la question de la violence de l’homme sur l’homme. Son humanisme n’accepte aucune forme d’asservissement et d’aliénation. C’est son humanisme qui l’a d’ailleurs poussé à défendre l’Algérie. Il laisse derrière lui un héritage considérable et parfois mal compris.

En ces temps de crispation identitaire, lire Frantz Fanon et le faire lire à ses enfants est important pour leur apprendre qu’il n’y a pas de différence entre un Noir et un Blanc et que l’humain reste le seul modèle afin de tirer les leçons d’une œuvre qui compatit avec les plus faibles et les opprimés.

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